Le sentiment d'abandon par Virginie Megglé

Voici un article de Virginie Megglé, que j'ai trouvé très intéressant et qui peut aussi accompagner le sujet de Steph (auquel personne n'a encore osé répondre ):

http://www.entraide-ago-ps.com/t415-la-dependance-affective

ABANDON ET SENTIMENT D'ABANDON


(...)

Cette solitude, lorsqu’elle est mal vécue, c’est-à-dire subie comme une injustice ou accompagnée d’une sensation de trahison, semble bien caractériser le sentiment d’abandon. Qu’il se manifeste dans une situation qui suffise à le justifier ou dans une autre qui l’induit sans pour autant l’expliquer ; qu’il soit compréhensible ou insupportable pour celui qui le vit ou pour celui qui le constate.

L’abandon, anciennement « à bandon », trouve son origine dans la langue germanique et signifie littéralement « au pouvoir de ». Le verbe abandonner qui en découle signifiant l’action de quitter… de cesser de s’occuper… de livrer au pouvoir de… Il en irait pour la personne qui éprouve éloignement, séparation ou opposition comme de l’abandon de ne pouvoir supporter d’être différenciée de l’autre sans se sentir désespérément livrée à soi-même ou à on ne sait quelles forces du mal. Sans raison d’être si ce n’est celle de reconquérir, par tous les moyens, le cœur, la présence de celui qui la quitte.

Expression d’une souffrance dans la relation à l’autre, le sentiment d’abandon se traduit par toutes sortes de manifestations, repli sur soi, dépression, exil, pleurs, conduites d’anxiété, agressivité, auto-mutilation. Et s’accompagne souvent de sentiments corollaires tels celui d’injustice, d’impuissance ou d’insécurité… Et parfois leur contraire. Il prend sa dimension dans l’intime. Dans l’histoire de la personne. Génère parfois de la violence – colère, révolte, défi provoquant - et à l’opposé, retraite, soumission, paralysie. L’un ou l’autre, en général dans la démesure. Difficile à porter sur la place publique, il doit être pensé et appréhender à cœur ouvert.

(...)

Le Petit Poucet suggère à ceux que leurs parents oublieraient de rejaillir en faisant appel à l’invention, à l’imagination, c’est-à-dire à leurs forces créatrices. Et propose de s’emparer des difficultés de la vie comme d’une occasion de s’ouvrir à seconde naissance. De devenir auteur de soi-même et responsable, plutôt que de s’accepter condamné à l’impuissance, résigné au martyr, sans moyens de réagir sitôt que l’on se sent délaissé. D’une façon symbolique, cette séparation brutale, qui en tous points mettrait en évidence l’indignité des parents, s’avèrerait souhaitable si ce n’est essentielle, pour rompre (de part et d’autres) avec les liens de dépendances infantiles. On peut voir dans ce conte une métaphore de la nécessité de marquer la distance entre parents et enfants et d’encourager ceux-ci à l’éloignement.
Face à cette histoire, celle de « Tanguy » dans le film éponyme d’Étienne Chatillez, n’est guère plus enviable. L’enfant comblé, qui ne s’est jamais senti abandonné, refuserait la nécessité de la séparation.


DU SENTIMENT D'ABANDON

Le ressort de certains enfants frappés, dans des circonstances réellement tragiques, par un abandon réel m’a souvent éblouie. Quand la mort par exemple s’immisce soudain dans leur vie pour supprimer un de leurs parents. Parfois les deux. Leur capacité à rebondir est surprenante

Suite de l'article de Virginie Megglé sur le sentiment d'abandon